(r) break me out tonight

The walls are caving in with no warning
This ship is sinking, I gotta swim for it, I'm running out of air !
ஸ

Pendant des années, j'ai fait la sourde, j'ai ignoré ces silences et ces souvenirs, ces trous béants dans ma poitrine. J'ai avancé dans ma vie comme un automate, un robot, une machine. J'ai vécu sans vraiment vivre, j'étais morte bien au fond, tout au fond de mon coeur. J'avais décidé d'oublier cet homme, ce mort, ce fantôme. Cette partie de moi que j'avais enterré avec lui. Parce que à chaque fois que je pensais à lui, une lame me déchirait le coeur. Coupée en deux par la douleur. J'ai vécu des années entre parenthèses, au ralenti. C'était assez irréel d'être écrasé d'incertitude et de persister néanmoins à mener une existence quasi normale. Mais j'y parvenais. Il le fallait bien. La vie, c'est cela. Une résignation muette au malheur et un consentement à la facilité. Aujourd'hui je m'arrête quelques instants seulement, allez faire vos courses, cherchez vos enfants à l'école, riez tant que vous le pouvez. Moi je dis stop, je fais une pause le long du chemin. Le long d'l'autoroute. Aujourd'hui je vais enfin reprendre ma vie, parce que la vie continue, elle continue toujours que vous le vouliez ou non. Je choisis de vivre.


Assisse au bar du Black's Bar, seule, c'est encore une nuit où son souvenir monte en moi mais pour la première fois depuis sa mort, je permets à mes émotions de couler en chute libre. Dernière de solitude. Je tourne la page. Enfin. Rien ne d'effaçera jamais réellement, tout restera en moi parce que mon passé fait parti de moi mais j'accepte cet abandon là, j'accepte de laisser quelques souvenirs derrière moi. De décharger un peu de poids. Ne croyez pas que j'ai l'habitude de venir ici, je n'y viens jamais. Je hais l'alcool, les hommes prêts à vous sauter dessus comme si vous étiez un morceau de viande. Une proie. Je hais cet endroit et pourtant je suis là, parce qu'il faut bien épancher sa peine, parfois. Parce que moi aussi je suis faible. Je l'ai toujours su. Je n'ai pas droit à de longs repas en famille, à des rires qui résonnent et à partager ma journée. C'est pathétique de manger seule devant sa pauvre petite télévision, un plateau sur les genoux. Mon chagrin me fait l'effet d'une rivière gelée : je m'avance avec précaution, consciente de pouvoir sombrer à tout moment. Or ce soir, je sens que je peux basculer. J'entends la glace craquer sous mes petits pas. J'en ai le souffle coupé. « Servez moi quelque chose de fort. » J'eus un sourire bref et triste. Ce soir, c'est un nouveau départ. She went quietly.

Spoiler:

Depuis qu'il est rentré, Reade n'a même pas pris du temps pour lui. Sa vie se résume à travailler, manger, dormir, travailler, manger ... Il ne fait que ça. Et ce n'est surement pas son collègue - qui n'est autre que le deuxième patron - qui va l'aider. Il en a profité pour s'accorder trois semaines de vacances. Il le comprenait. Reade est partit pendant plus d'un an et demi, il ne pouvait pas se permettre de laisser le bar à l'abandon pendant plus d'une semaine. Dans tout les cas, il était prévenu. Il était prévenu qu'il ne savait jamais quand il partait jusqu'à ce fameux coup de fil et ne savait jamais si il reviendrait un jour ou l'autre. Reade vie dans l'inconscience et l'inquiétude. Mais, il ne pouvait surement pas rejeter la faute sur le dos de quelqu'un, il était le seul responsable de ce mode de vie. Ce n'est tout de même pas comme si son père ne l'avait pas empêcher. C'est vrai ? Comment un lieutenant-colonel pouvait empêcher son fils à se lancer dans l'armée ? Il lui en veux désormais ... Même si il n'a aucunes raisons de lui en vouloir. C'est avec un semblant d'agacement que Reade essuyait ses verres tout en regardant les allers et retours dans son bar. Il en est fier, mais parfois le travail le surpasse et l'empêche de mener une vie normal. Il ne se couche jamais avant trois heures du matin, sauf quand il a quelques serveurs et qu'ils peuvent gérer la boutique seuls. Il servit un verre à un de ses habitués. « Tiens James. » Il lui sourit et repartit à l'autre bout de son bar pour arriver face à une femme blonde. « Servez moi quelque chose de fort. » Elle devait surement chercher à se changer les idées pour faire demander et laisser libre choix au barman. « Je vous apporte ça tout de suite. » Son teint de voix était assez calme, il lui sourit, prit un verre et servit l'alcool qu'il considérer comme assez fort pour elle. Oui, il n'allait surement pas lui donner l'alcool le plus fort. Et lui posa en face d'elle. « Tenez. »